Dans le contexte de la crise du Coronavirus, une attention particulière est portée à la ventilation des bâtiments, à son rôle dans la maîtrise des risques de diffusion du virus, et aux actions à prendre d’urgence puis sur la durée pour conserver le caractère protecteur et rassurant du bâtiment pour ses occupants. Nul doute que ces réflexions et pratiques resteront valables à l’avenir, quitte à s’opposer parfois à certains choix techniques visant des économies d’énergie, pour en sortir le meilleur compromis.
Sur la base de notre expérience et de différentes études citées en référence, voici quelques recommandations simples et prioritaires pour les gestionnaires et propriétaires de bâtiments.
Ce document est rédigé dans l’état des connaissances à ce jour (5 mai 2020) et dans le respect des recommandations officielles qui pourront être amenées à évoluer.
Nous y traitons des bâtiments à vocation commerciale et/ou publique (bureaux, écoles, musées, salles de sport, etc.), à l’exclusion des bâtiments hospitaliers et médicaux avec une concentration élevés de personnes contaminées ou à risque. Compte tenu de l’évolution rapide et parfois changeante des connaissances sur le COVID, nous déclinons toute responsabilité pour tout dommage direct, indirect, accidentel ou tout autre dommage qui résulterait, ou serait lié à l’utilisation des informations présentées dans ce document.
Rappel sur les voies de transmission
2 voies majeures de transmission sont reconnues :
- via de grosses gouttelettes (gouttelettes/ particules émises lors de l’éternuement, de la toux ou de la conversation). Ces gouttelettes supérieures à 10 microns qui sont libérées et tombent sur des surfaces à environ 1 mètre de la personne infectée, d’où la création de la distanciation sociale.
- via un contact avec une surface (main-main, main-surface etc.).
D’autres voies sont évoquées avec plus ou moins de fondement scientifique :
- une voie fécale-orale, mise en avant par l’OMS
- une voie par les aérosols: ces petites gouttelettes inférieures à 5 microns peuvent rester dans l’air pendant des heures et peuvent être transportées sur de longues distances. Son rôle est évoqué, encore peu documenté, notamment concernant la viabilité du virus sur ce genre de gouttelette. Si cette voie de transmission était avérée, il signifierait en théorie qu’une distanciation de 1 à 2 mètres est insuffisante, mais nous resterons prudents à ce stade.
Joyeux Anniversaire ISPIRA !
Les recommandations pour le fonctionnement des installations aérauliques
Comme souvent en qualité de l’air intérieur, la première et la meilleure des solutions, c’est aérer. L’aération va permettre d’éliminer rapidement d’éventuelles particules virales présentes dans le bâtiment. On visera donc un taux de renouvellement plus élevé que d’ordinaire. La période du printemps qui démarre doit permettre de limiter le coût énergétique d’une telle action.
Nous conseillons ainsi de vérifier les installations aérauliques afin de, a minima, garantir leur débit théorique, et même à chaque fois que ce sera possible, d’augmenter le débit, et de diminuer ou de supprimer les variations de débit en fonction du taux d’occupation, ou du rythme jour/nuit. Nous déconseillons par ailleurs les arrêts complets la nuit ou le week-end qui auraient pour conséquence de faire stagner une éventuelle contamination, et de relarguer en masse une éventuelle contamination du réseau au moment du redémarrage.
Pour les installations avec recirculations d’air, nous conseillons pour des raisons évidentes de les suspendre en fermant les volets de recirculation, pour passer en « tout air neuf », même si les gaines sont équipées de filtres, ceux-ci étant trop grossiers pour filtrer des particules aussi fines que les virus.
Pour les installations avec récupération de chaleur de type roues enthalpiques, le risque de fuite étant non négligeable, nous conseillons là-aussi une attention particulière : vérification du bon état et de l’étanchéité des installations, augmentation des débits (cela limite le risque de fuite), ou tout simplement by-pass. Les installations avec récupérateurs de chaleur à batteries séparées ne présentent en revanche aucun risque.
Les unités autonomes de climatisation ou de chauffage seront de préférence éteintes pour éviter une recirculation locale des particules, à condition bien sûr que cela permette l’occupation des lieux dans des conditions de température acceptables. On notera cependant que certains appareils sont équipés de filtres équivalents HEPA assez efficaces (à condition d’être changés ou nettoyés régulièrement). Certains fabricants associent même une unité de stérilisation de l’air en complément.
En l’absence de ventilation mécanique, l’ouverture des fenêtres reste une bonne solution quand elle est possible. Sur toute la durée d’occupation ou bien sur plusieurs créneaux d’une quinzaine de minutes répartis sur la journée, elle reste une bonne alternative même en zone urbaine.
L’effet de la température et de l’hygrométrie sur la contamination virale n’étant pas démontré, nous déconseillons de modifier volontairement ces paramètres. En revanche, les actions précitées sur la ventilation doivent tenir compte des effets sur la température et l’hygrométrie, pour essayer de les limiter autant que possible. Il pourra cependant être utile de communiquer auprès des occupants pour justifier de conditions un peu moins confortables en raison de la priorité donnée aux mesures sanitaires.
S’agissant de la maintenance des installations de ventilation et climatisation : c’est le bon moment de vérifier le bon état de votre réseau et notamment que les maintenances et les audits sont à jour et correctement réalisés. Selon les cas, une désinfection par voie aérienne (DSVA) peut être utile. Un réseau sale et encombré, des filtres saturés ou percés, ne peuvent avoir qu’une mauvaise incidence sur l’hygiène de l’air et diminuer l’efficacité des mesures conseillées plus haut. Il ne s‘agit en revanche pas forcément d’augmenter le rythme de changement des filtres ou de programmer des décontaminations régulières, surtout si le réseau est en « tout air neuf » puisque les contaminations de l’air extérieur au niveau des prises d’air sont très rares.
Les purificateurs d’air autonomes peuvent également être utiles : ils devront être équipés d’une filtration HEPA (mais attention à ce que les débits ne soient pas trop faible et les conditions d’utilisation pas trop contraignantes) ou bien d’un système de filtration par UV (UVC, photocatalyse) qui présente l’avantage de détruire spécifiquement les virus et bactéries et conviendra aux milieux exigeants (médical, accueil du public, etc.) en particulier s’il est mal ventilé.
L’accompagnement d’ISPIRA
Les ingénieurs et docteurs d’ISPIRA, experts en qualité de l’air intérieur des bâtiments, accompagnent les propriétaires et gestionnaires de bâtiment dans la gestion de la crise du COVID19. Habitués des sujets d’hygiène professionnelle, d’accueil du personnel et du public, y compris sensible, nous saurons vous apporter des conseils efficaces et réalistes aussi bien pour l’identification des sujets à traiter que dans la mise en œuvre des actions d’évolution des installations, de maintenance, de désinfection, et de communication.
Sources :
Document guide REHVA COVID-19, 3 Avril 2020 https://www.rehva.eu/fileadmin/user_upload/REHVA_COVID-19_guidance_document_Bibliography.pdf
Préconisations du Haut Conseil de la santé publique relatives à l’adaptation des mesures barrières file:///C:/Users/jcoquelet/Downloads/hcspa20200424_corsarcovmesdesanpubenpopgnr.pdf
MINISTERE DES SOLIDARITES ET DE LA SANTE https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/coronavirus/
MINISTERE DU TRAVAIL https://travail-emploi.gouv.fr/