Un lien entre la mortalité au COVID-19 et la pollution de l’air ?
Plusieurs chercheurs comme Jean-Baptiste Renard du CNRS, mettent en avant un lien fort entre mortalité au COVID-19 et pollution atmosphérique. La mortalité particulièrement élevée à Paris ou en Lombardie, zones particulièrement polluées, en serait un signe éloquent, alors qu’a contrario, les villes bretonnes moins polluées affichent des taux de mortalité beaucoup plus faibles. La Lombardie concentrait ainsi 40% des infections de tout le pays lors de la première vague de l’épidémie.
Pour Jocelyn Chanussot, professeur à Grenoble INP – Ense3 (École Nationale Supérieure de l’Energie, l’Eau et l’Environnement) et chercheur au GIPSA lab (labo à triple tutelle CNRS, Grenoble INP, UGA), l’explication est simple : « Le virus va se poser sur les particules de pollution et on a constaté que les particules très fines avaient une bonne configuration pour que le virus puisse s’installer confortablement et être transporté par voie aérienne ». Le Grenoblois ajoute que ces particules permettent également au virus d’être protégé des UV et de rester en vie plus longtemps.
Le lien entre pollution aux particules fines (PM2,5 de diamètre inférieur à 2,5 micromètres) a d’ailleurs déjà été abordé par plusieurs études scientifiques. Une étude publiée dans la revue Science of the Total Environment, tente de quantifier ce phénomène au travers de l’étude du cas de Paris et de 31 autres villes et régions de pays d’Europe. L’étude montre que les niveaux de mortalité !es plus élevés sont constatés pendant les pics de pollution et varient en fonction de leur intensité.
Sabine Host, responsable des questions de santé et d’environnement à l’ORS Île-de-France a rédigé avec Célia Colombier le rapport « Pollution de l’air et Covid-19 » et conclut : « Si les mécanismes qui sous-tendent le rôle de la pollution sur la gravité de la Covid-19 doivent être approfondis, il n’y a cependant aucun doute sur le fait que l’exposition à court et long terme à la pollution atmosphérique ambiante est à l’origine de maladies chroniques, et que la pollution diminue la réponse immunitaire de l’organisme face aux infections. Ainsi, la pollution de l’air peut être considérée comme un cofacteur de morbi-mortalité par Covid-19. Par ailleurs, il n’y a pas de données scientifiques probantes permettant d’affirmer que le virus peut être transporté par des particules atmosphériques. »
S’appuyant sur !’analyse de !’ensemble des données, les chercheurs sont parvenus à identifier une tendance : une augmentation de la mortalité de l’ordre d’un facteur de 5 est constatée lorsque Jes concentrations en PM2,5 flirtent avec !es 45 microgrammes par mètre cube. Les auteurs en déduisent une augmentation d’environ 10 % de la mortalité par microgramme par mètre cube de particules fines supplémentaires.
Cette proportion décroit logiquement avec le temps, avec l’amélioration de la gestion de l’épidémie (mesures de confinement puis vaccination).
On comprend que l’exposition aux particules fines favorise les inflammations du système respiratoire et diminue le niveau des défenses immunitaires, rendant ainsi plus facile la transmission de virus respiratoires comme le COVID-19, mais pas seulement.
Saisie sur le sujet, Santé Publique France a lancé une étude sur le lien entre l’exposition à long terme aux particules fines et le risque de décès et d’hospitalisation pour COVID-19.
L’exposition à la pollution de l’air entraîne également une diminution de l’espérance de vie et dans les cas les plus graves, elle conduit au décès, comme le montrent les dernières estimations de Santé publique France pour la période 2016 à 2019 (près de 40 000 décès attribuables chaque année aux particules fines PM2,5).
Il est donc indispensable de déclencher des actions en cas de survenue d’un pic de pollution, comme l’aération des écoles et autres établissements recevant du public.
Sources :
Le Monde « Covid-19: plus de morts lors des pies de pollution »
Santé Respiratoire France « Pollution de l’air, quel rapport avec la Covid-19 ? »
France Bleue « Un chercheur grenoblois démontre un lien entre Covid et pollution »
Santé Publique France « Pollution de l’air et COVID-19 »