Des chloramines à la piscine
Le chlore est très utilisé pour la désinfection des piscines, en raison de son faible coût, de sa facilité d’utilisation et de ses excellentes propriétés désinfectantes. Cependant, il peut présenter certains dangers lorsqu’il entre en contact avec des matières organiques (sueur, cosmétiques, salive, urine, peaux mortes, etc.). Il peut alors se former une série de sous-produits dont certains très volatils se retrouvent dans l’atmosphère des piscines. Cette réaction chimique provoque le développement de chloramines dans l’air, composés chimiques pouvant entraîner des irritations des voies respiratoires, cutanées et oculaires.
Que sont les chloramines ?
Dans les piscines, le chlore réagit avec tous les déchets organiques qu’apportent les baigneurs dans l’eau : peaux mortes, cheveux, salive, urine, sueur, etc. La réaction chimique entraîne le développement de chloramines dans l’air : c’est ce qui donne cette odeur de chlore si caractéristique des piscines.
Quels sont les effets des chloramines sur l’organisme ?
A court terme, les chloramines entraînent des irritations des yeux, de la gorge et du nez. Ces effets ont été observés lorsque la trichloramine atmosphérique dépasse 0.5 mg/ m3, ce qui a conduit l’INRS à recommander de ne pas dépasser cette valeur dans l’air des halls de piscines. Dans ses recommandations officielles en 2010, l’ ANSES a abaissé cette valeur limite à 0.3 mg/m3.
Le respect de cette valeur permet d’éviter les effets irritants, et a également un objectif de prévention sur les effets à long terme sur la santé, en particulier pour les professionnels.
Différentes études notamment celle sur les bébés nageurs du professeur Bernard, toxicologue belge, ou celles du professeur Jacobs aux Pays-Bas concernant les professionnels mettent en évidence un risque accru de problèmes respiratoires après une exposition aux chloramines.
Il est encore difficile de mesurer l’ampleur de ces effets car les études sont difficiles à mener et restent peu nombreuses. L’effet des chloramines peut s’ajouter ou se confondre avec l’effet du tabac, de la pollution ou d’autres facteurs environnementaux. Il peut également exister un phénomène d’auto-sélection : les personnes ressentant des troubles respiratoires quittent d’elles-mêmes les piscines, ce qui rend complexe le suivi statistique sur le long terme pour les professionnels comme pour le public.
Pour les professionnels, depuis 2003, l’exposition aux chloramines est inscrite au tableau n°66 des maladies professionnelles. Cette inscription est une reconnaissance de la toxicité de ces produits et de leur rôle dans le développement de l’asthme chez les professionnels concernés. Elle peut leur permettre d’obtenir plus facilement une prise en charge de leur traitement et si nécessaire un reclassement. Des études en cours tentent d’établir une valeur limite d’exposition professionnelle pour la trichloramine.
Depuis cette inscription, des cas d’asthme professionnel sont régulièrement rapportés parmi les personnes travaillant dans les piscines. Pour environ la moitié d’entre elles, les atteintes persistent malgré l’arrêt de l’exposition.
Comment limiter la présence de chloramines ?
Les baigneurs ont un rôle important à jouer. Passer par la douche et par le pédiluve, se démaquiller, inciter les enfants à aller aux toilettes avant de se baigner font partie des quelques règles essentielles qui vont permettre de limiter l’apport de matière organique dans les bassins. La production de chloramines est ainsi diminuée.
Pour aider les professionnels à maîtriser la qualité de l’air, il existe des systèmes de mesure de la trichloramine. L’AFSSET a formulé plusieurs recommandations spécifiques. Parmi les mesures de prévention proposées, on trouve le suivi de l’exposition à la trichloramine par des mesures régulières de sa concentration dans l’air et la formation spécifique aux postes de travail pour les agents chargés de l’entretien, du traitement de l’eau et de la ventilation.
Du côté de l’exploitant, des solutions techniques se développent afin d’extraire les chloramines au moment du passage de l’eau dans le circuit de filtration. Différentes techniques de strippage (passage d’un flux d’air à travers le liquide) ont ainsi été analysées par l’INRS et donnent d’excellents résultats tout en ne représentant souvent que quelques milliers d’euros d’investissement.
Enfin, certains établissements ont obtenu des résultats en améliorant la ventilation ou en ajoutant un stabilisant à leurs produits de désinfection.
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